Histoire & langue

 

Les cours par correspondance OBER ont été fondés en 1932 sous la direction de Marc'harid Gourlaouen (1902-1987).

Depuis lors, des milliers de personnes ont pu, grâce à ces cours, apprendre, se perfectionner, ou tout simplement acquérir les notions élémentaires de la langue bretonne.

 

La langue bretonne est une langue celtique dérivée de l'Indo-Européen

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Les langues celtiques modernes sont:

 

Branche gaélique:

  •   le Gaélique d'Ecosse
  •   le Gaélique d'Irlande
  •   le Gaélique de l'Ile de Man

 

Branche brittonique:

  •   le Breton (Bretagne)
  •   le Cornique (Cornouailles insulaires)
  •   le Gallois (Pays de Galles)

 

Langue et histoire

Le breton est issu des langues indo-européennes

  Comme les Germains, les Latins, les Grecs, les Slaves, les Perses et les habitants du Nord de l’Inde, les Celtes parlaient une langue dérivée d’une langue commune plus ancienne appelée « indo-européen » du fait de son extension géographique. Le sanscrit en représente sans doute actuellement l’image la plus proche.

  Cette langue parlée il y a 4000 ans et dont on ne possède aucun texte écrit s’était répandue au cours des siècles sur presque toute la surface de l’Europe et jusqu’aux extrémités de l’Inde et s’était imposée peu à peu, au hasard des guerres, des invasions et du commerce, à toutes sortes de peuples et de populations différents

 

Le breton est une langue celtique

  Une population indo-européenne, vraisemblablement établie dans le territoire situé entre le Rhin, le Danube et le Main, s’est distinguée il y a quelque 3000 ans par son activité économique et par son art. Ce peuple a été nommé Keltae par les Grecs et Galli par les Romains. Il a occupé ensuite tout le nord de l’Europe, et s’est mêlé aux populations locales. C’est de ce mélange que sont issus les peuples que nous désignons aujourd’hui sous le nom de peuples celtiques. Ils ont apporté leur civilisation et leur langue, que nous désignons « vieux celtique », à une grande partie de l’Europe, depuis l’Irlande jusqu’à l’extrémité de la péninsule ibérique et à la Mer Noire.

  Ce monde celtique va se résorber sous la pression des Germains au nord et des Latins au sud. La langue celtique continentale ne va cesser de reculer pour finir par s’éteindre dans les vallées de l’Helvétie aux environs de l’an 1000 de notre ère. Cependant, elle reste bien vivante dans les Îles Britanniques, où vivent deux peuples celtes, les Brittons et les Gaëls, parlant des dialectes celtiques différents. Du gaélique seront issus l’irlandais, le gaélique d’Ecosse et le mannois. Le brittonique donnera le breton, le cornique et le gallois.

  Du Vème au VIIème siècle, des Brittons de l’île de Bretagne, chassés par les envahisseurs anglo-saxons, émigrent en masse vers la péninsule armoricaine.

  On distingue généralement dans l’Histoire de la Langue Bretonne trois grandes étapes :

 

Le breton des rois

  Avant l’an 1000, c’est l’époque du Vieux Breton, le breton de Nominoe, tel qu’il s’est constitué peu à peu après l’établissement des Bretons émigrés et leur fusion avec les Celtes armoricains dans la péninsule.

  Au IXème siècle, la dynastie de Nominoë marque l’apogée de la nation bretonne et l’extrême avancée de sa langue. Le breton progresse à l’est, entreprend la conquête des pays de Rennes et de Nantes. Vers 1050, il se trouve dans sa phase d’expansion maximale, on le parle jusque dans la baie du Mont-Saint-Michel et dans la région de Saint-Nazaire.

  Il est encore tout proche du Breton des Iles, surtout du Cornique mais aussi du Gallois : langue presque purement celtique si l’on fait abstraction de quelques emprunts latins anciens, parfaitement assimilés, vestiges de l’occupation romaine en Grande-Bretagne. Elle exprime la réalité de l’État Breton, Royaume indépendant et purement celtique, même s’il renferme encore dans ses frontières des régions où les populations déceltisées parlent encore des dialectes romans issus du latin en décomposition. Le breton est la langue de la majorité de la population et des classes dirigeantes, langue de culture et langue juridique comme le Gallois de Hywell Dda, langue des forces vives de la nation.

  La toponymie et les patronymes voient le jour.

Le breton des ducs

  C’est le Moyen Breton, de l’an 1000 au XVIIème siècle. Il est né après la grande invasion normande qui a retourné et labouré le pays.

  Les invasions normandes mettent à mal l’unité bretonne. La langue bretonne est abandonnée comme langue officielle par le duché de Bretagne dès le Haut Moyen-Âge, au profit du français. Le breton recule peu à peu vers l’ouest.

  Les classes dirigeantes, nobles et moines, qui ont dû fuir le pays reviennent après trente ans d’exil, sérieusement francisées.

  La Bretagne reste certes un état souverain, distinct de la France et de l’Angleterre mais sa langue officielle, celle de la Cour et de l’Administration, puis peu à peu de l’ensemble de la bourgeoisie, devient le français.

  Cependant, le breton se maintient parallèlement, toujours parlé par le peuple, la noblesse rurale et les petites villes et reste une langue littéraire, mais il va amorcer une évolution assez analogue à celle de l’anglais au cours de la même période.

  Quoique sa syntaxe reste très celtique, il va subir fortement l’influence du français, surtout dans son vocabulaire et aussi dans son orthographe.

  Si le breton était devenu la langue officielle du Duché à cette époque, il est probable qu’il aurait conservé cette forme hybride de langue celto-romane comme l’anglais est devenu une langue germano-romane est non plus purement germanique. Cette forme de breton correspond à la période ducale mais s’est perpétuée également après la perte de l’Indépendance et la disparition de notre État dont une partie des structures se maintiennent cependant pendant le période d’autonomie qui ne s’achèvera qu’avec la Révolution Française, alors que les classes dirigeantes continuent à abandonner leur langue pour passer au français. Il faut bien faire remarquer que le Moyen Breton est une langue littéraire et une langue unifiée, pas une langue populaire. Les dialectes existent, bien sûr, mais n’ont pas d’expression écrite.

 

Le breton moderne

  C’est au milieu du XVIIème siècle, exactement en 1659, qu’une révolution se produit avec l’adoption par le Père Maunoir d’une nouvelle orthographe plus proche de la langue parlée et qui marque pour la première fois les mutations consonantiques, rompant également avec la tradition littéraire ancienne, notamment avec le système prosodique celtique d’allitérations et de rimes internes analogue aux systèmes employés au Pays de Galles (et aussi en Irlande) et dont les racines plongeaient dans le plus lointain passé avant la division de l’ancien Britonnique en langues distinctes. Le breton va devenir alors une langue purement populaire.

  La conséquence de l’adoption de ce système va être la rupture de l’unité de la langue, chacun ayant tendance désormais à écrire de la façon dont on parle dans sa région. C’est ainsi qu’on aboutit à une littérature dialectale d’expression léonarde, trégorroise, cornouaillaise et surtout vannetaise.

  Cependant, ce retour aux sources vives de la langue parlée, restée souvent beaucoup plus celtique dans sa structure et aussi dans son vocabulaire que le Moyen Breton écrit, est aussi un bain de jouvence.

  Les grammairiens et écrivains du XIXème siècle (Le Gonidec), puis du XXème siècle (Ernault, Vallée, Mordiern) vont s’efforcer de retrouver l’unité perdue en s’appuyant d’une part sur le breton parlé, principalement du Léon, et d’autre part ils poursuivent et accentuent l’effort entrepris déjà au XVIIIème siècle par Dom Le Pelletier en s’efforçant d’éliminer au maximum de la langue les emprunts français surabondants des siècles derniers, puisant pour l’enrichir dans le breton ancien, les dialectes et aussi le gallois, n’hésitant pas à former de nombreux néologismes à l’aide de racines bretonnes.

  Ils vont forger ainsi peu à peu une nouvelle langue littéraire de style nettement celtique. C’est le Breton Moderne qui, quoique comportant encore un nombre important de mots d’origine latine ou française, apparaît comme une langue relativement « pure » et non hybride comme le Moyen Breton ou l’anglais.

  Le breton, persécuté systématiquement depuis l’époque de la Révolution Française, réussit cependant à survivre. Aujourd’hui, la langue bretonne, alors que son usage régresse dans les campagnes, redevient une langue de culture, adaptée à la civilisation urbaine du XXIème siècle.

  L’enseignement du breton à l’université, les écoles Diwan où le breton est utilisé dès la maternelle, les classes bilingues publiques Divyezh, les classes Dihun dans le secteur privé ainsi que la volonté des brittophones de parler leur langue au quotidien, la revitalisent. Quelques radios et télévisions proposent des programmes en breton mais à ce jour, il n’y a, malgré une forte demande, ni radio ni télévision publiques sur le territoire de la Bretagne. Il existe cependant des journaux, magazines et maisons d’édition, ainsi que des troupes de théâtre. L’Office de la Langue Bretonne, créée en 1999, met en oeuvre des actions à entreprendre pour la promotion et le développement de la langue dans la vie sociale et publique. Il faut noter que la France n’a toujours pas ratifié la Charte Européenne des Langues Minoritaires en 2008.

  On peut aujourd’hui estimer à 350 000 le nombre de brittophones, dont 206.000 personnes parlant le breton quotidiennement.

 

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